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Nouvelles et essais, par Julius Nicoladec |
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Josiane BenziPeintre de la danse à La-Celle-sur NièvreFormée à l’École supérieure des arts appliqués Duperré à Paris, Josiane Benzi s’est installée dans la Nièvre en 1996. Elle a le statut d’artiste auteur depuis 1999. Elle s'exprime à travers de nombreuses techniques, notamment peintures de petit à grand format, dessins, encres, collages, livres d’artiste, laques. Son œuvre navigue entre abstraction et réalité. Outre ses thèmes de prédilection, notamment les paysages oniriques ou les métamorphoses, le dessin de danse prend une place essentielle dans sa création. Elle s’installe en 2003 dans son « Atelier du Ramoy » à La-Celle-sur-Nièvre, en compagnie de son époux Carlos Ania, qu’elle rencontra lors d'un séjour en Afrique en 1992, photographe qui s’investit également dans la photo de danse contemporaine. Elle est présidente de l’association ART de Châteauneuf-Val-de-Bargis depuis de nombreuses années. Une formation d’art-thérapeuteL’art-thérapie consiste, à travers l’expression artistique, à aider un patient en souffrance en l’incitant à une réflexion sur le rapport entre l’image qu’il crée et ce qu’il accepte de verbaliser. Les supports utilisés peuvent être divers, peinture, graphisme, collage ou autre. Le choix et l’aménagement du lieu, musique comprise, la ritualisation, sont partie intégrante de la démarche. L’art-thérapie n’a pas pour ambition d’être une technique médicale, mais une approche différente du soin. La formation médicale de Josiane Benzi, notamment d’infirmière en secteur psychiatrique, l’ont amenée à exercer plusieurs années, notamment à l’hôpital Sainte-Anne de Paris en tant qu’art-thérapeute, puis dans la Nièvre à la Charité-sur-Loire. Dessiner la danse, l’instantané du mouvementLa danse, bien au-delà d’être de l’ordre du divertissement, exprime une inscription essentielle de l’individu au sein du monde, tant physique que spirituel. L'homme y oppose et y lie à la fois son rythme propre à celui du mouvement universel de ce qui est, révélant ce faisant tout autant la peur primitive de sa finitude que l’affirmation joyeuse et absolue de son vouloir-vivre. Mais dessiner cela est de l’ordre de la gageure. En effet, le dessin, qui, de par sa nature, présente ce qu’il veut montrer en une forme immobile, semble a priori plus adapté aux objets statiques. Dessiner le mouvement est en soi une entreprise paradoxale. Parvenir à laisser trace de ce qui n’a précisément lieu qu’en modifiant constamment la sienne. Dans ce qu’il y a à tenter de représenter, il y a le rythme, il y a le passage, et l’apparition évanescente d’une forme en laquelle émerge à l’improviste un sens nouveau. Il est nécessaire, comme l’énonce Josiane Benzi, en deçà de la saisie dans l’espace, de « s’imprégner du rythme », de « suivre le geste dans sa respiration ». Pour y parvenir, l'artiste doit nécessairement en passer par l’engagement de son propre corps, trouver l’audace de lâcher prise dans l’abandon du moment. Surmonter ce paradoxe du présent que nous ne percevons que dans ce mouvement même dans lequel il se mue en passé révolu. Révéler l’aventure unique de chaque nouveau geste. Une lutte difficile, et qui demande cependant de savoir rester léger… Josiane Benzi pratique régulièrement depuis 2005 le dessin de danse en direct. Elle anime une fois par mois un atelier de croquis de mouvements dans la halle de Châteauneuf-Val-de-Bargis. Elle est également invitée par des compagnies de danse à dessiner, à saisir le mouvement sur le vif, lors de spectacles ou de répétitions, à organiser des performances dessins, comme à la chapelle de la Tête Ronde à Menou en 2022 ou lors de « Dessiner la danse » en 2023 à Saint-Satur dans le Cher. Ces spectacles fonctionnent éventuellement en double sens, car, si la danse est le thème du croquis, inversement comme le dit Lucie Anceau, danseuse et membre de l’association, « les gestes des croquis nourrissent notre danse. » Les expositionsJosiane Benzi participe et a participé à de nombreuses expositions, collectives ou individuelles. À travers la profusion et la diversité de ces manifestations, on peut relever par exemple, en mai de cette année, l’exposition « Cheminement » à la galerie Arko de Nevers, dans laquelle elle présentait un aperçu général de sa démarche en retraçant à travers 45 œuvres le fil de son histoire artistique. En 2022, dans une exposition à Sancerre, « Paysages oniriques », elle s’engageait dans des paysages imaginaires, en escapade vers d’autres espaces, en harmonie, selon ses termes, avec les flux et reflux. On retrouvait le principe du croquis en direct des improvisations des danseuses dans le cadre de la manifestation « Le corps dans tous ses états » organisée par « La cité du mot » en 2022 à La-Charité-sur-Loire. En 2020, elle présente « Gestuel » à la galerie Arko. Gardant d’un père tailleur un goût pour le tissu et le vêtement, elle y montrait la ressaisie des vêtements du quotidien, les modelant dans leurs plis et replis, révélant en outre à travers leur mouvement la liaison de l’intime et du social. À Corbigny en 2019, l’exposition « Deux regards sur la danse » proposait en regard les encres de Josiane et les photos de Carlos, ainsi qu’une performance danse-dessin en direct. Citons encore « Les imaginaires », en 2013, sous la pyramide de la mairie de Varennes-Vauzelles, dont elle résumait l’intention par la formule « J'aime partir du geste, de l'instant », ou encore les laques et dessins de nus à l’école Ellipse de Nevers en 1999. Et, plus tôt, outre la participation à divers salons à partir de 1969, de nombreuses expositions à partir des années 90, à Paris, dans la Nièvre et même récemment à Pretoria… Pour en savoir plus
* http://josiane-benzi.com
Julius NICOLADEC |
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Quelques textes un peu plus légers, et qui néanmoins valent le détour, à lire dans les recueils de nouvelles |
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