option
 musique

Nouvelles et essais, par Julius Nicoladec

Retour à la liste des chroniques

Annick Ranvier

Peintre, relieuse et poète

Annick RANVIER est née dans l’Allier. Elle a fréquenté l’École des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand, puis, de 1974 à 1977, fut élève de l’École Supérieure des Arts Appliqués Duperré de Paris. Elle est maintenant installée dans un joli coin de campagne nivernaise, à Alluy. Peintre, elle pratique des techniques diverses, notamment le pastel à l’huile, les encres de couleur sur papier, les collages, et utilise éventuellement d’autres matériaux naturels, comme par exemple les cendres. Poète, elle a publié plusieurs textes aux éditions Laurence Mauguin. Étant également relieuse, son atelier se partage entre peinture et reliure. Le livre est en effet à ses yeux une manifestation complète, ce par quoi ce qui a existé peut encore exister d’une autre manière. Le jardin enfin est une partie importante de sa sensibilité et de son inspiration artistiques. Elle participe également à des lectures, des présentations et manifestations diverses, comme en 2013, lors de son soutien à l’Association pour la Promotion des Handicapés du Loiret. Elle a exposé ses œuvres à Paris, dans la galerie de son éditrice L. Mauguin, à Vichy, Orléans, Mauriac, Ussel. Dans la Nièvre, elle a notamment exposé à Châtillon-en-Bazois, à Prémery à la Galerie 34 en 2022, à Decize, lors de « L’été des artistes » en 2023.

La peinture

L’ouverture à ce qui s’offre à nous est pour elle une revendication et une des caractéristiques principales de l’artiste : « rien n’est figé, tout existe ; je n’ai donc pas — ou ne veux plus — d’idée préconçue, pas de couleur exclusive, pas de choix définitif. Être surprise, émue… » Il ne s’agit pas d’expliquer, ni même vraiment de questionner, mais « de faire avec son manque », de prendre en considération ce que l’on n’atteindra pas. L’enroulement, le mouvement circulaire, la spirale, le retour animent ses œuvres avec vigueur. Les couleurs, le rouge, le bleu, mais aussi bien les autres couleurs, sans privilège, s’y imposent dans leur diversité, leur vivacité, leur débordement. On pourrait qualifier ses tableaux d’abstraits, mais, comme elle le dit, « ce qui est regardé n’est pas abstrait ». Il en émane une grande sensibilité, comme tentera de l’exprimer Annie Jeanneret : « des yeux de nuit percent le jour qui se lève ». Dans le rapport du spectateur à l’œuvre, elle accorde une grande importance au « laisser-aller ». Nulle interprétation obligatoire de l’œuvre ne prétend s’imposer à celui qui regarde, celui-ci a loisir de s’y promener pour le plaisir immédiat aussi bien que pour en explorer la profondeur. Selon ses propres termes, exprimés par Dominique Lorenzi-Bry, « le fil de soi(e) à l’autre peut se tisser, se rompre, se renouer, s’effilocher… »

La poésie

« Écrire, peindre, les deux, absolument », le premier ayant mission de préciser le second dans un renvoi réciproque. Il y a, dit-elle, des mots quand je dessine. Dès 2003, Annick édite « Pastels et textes » aux éditions L. Mauguin, dépassant le simple genre du catalogue usuel vers l’expression de cette complémentarité entre peinture et poésie. Elle participe à plusieurs numéros de la revue « Pas ». D’autres parutions suivront, « Le rêve dissocié imprègne les pierres rêvent sans rupture », « Plusieurs hivers », « Le portail du verger », ainsi qu’un recueil d’entretien avec Laurence Mauguin en 2018, dans lequel elle dialogue avec son éditrice, notamment sur l’articulation entre poésie et peinture, ainsi que sur le rôle du jardin et des pierres. Les mots sont vus avant que d’être lus. C’est pourquoi leur disposition, la répartition des blancs qui les séparent, n’est pas seulement une question d’esthétique, mais touchent directement au sens qu’ils manifestent. Dans ses textes, l’espace, le « blanc », autour du mot ou du groupe de mots, la disposition parfois déroutante de ceux-ci, sont partie intégrante de la poésie et participent à son sens. Ils en rendent difficile une lecture linéaire, et incitent à des cheminements multiples, se rapprochant en cela de l’exploration d’une œuvre picturale. S’il y a des mots en puissance dans le dessin, il y a donc aussi bien du dessin dans l’écriture, les deux se révèlent approches complémentaires qui s’appellent l’une l’autre. Dans un quatrième texte, paru en 2021, Annick Ranvier, selon la présentation qu’en fait l’éditeur, convoque les fleurs, les nuits au fil des saisons, beaucoup d’images, recueille nombre d’émotions : « le bain des enfants, la maison-tanière, la petite barrière, la croix du chemin, les bêtes, familières ou imaginaires… L’héritage du passé est accepté, la foi en l’enfance dépasse la nostalgie, la paix afflue. »

Pierres et jardins

« C’est la nature qui me donne à peindre », dit-elle, notamment telle qu’elle se présente dans le jardin. Celui-ci n’est pas pris comme un supplément décoratif, ou un simple passe-temps, son apport va bien au-delà de celui d’un simple agrément. En 2004, Annick édite « Dans nos maisons les jardins dessineraient la paix ». Il y est d’abord question de ronces, d’orties, d’épines, de mousse et de lierre, de liserons sauvages, de pierres et d’arbres, plus que de fleurs. Écrire et désherber ont quelque analogie, mais il ne s’agit pas simplement d’éradiquer la « mauvaise » plante, plutôt de la mettre en valeur là où il se doit. La pierre et le caillou ont une importance particulière et ambivalente et prennent valeur dans la démarche poétique. « Chemins de mots, chemins de cailloux », qui sont en effet le souci tant des enfants que des poètes…

Pour en savoir plus

* Les différents textes aux éditions L. Mauguin : https://www.editionslmauguin.fr/AnnickRanvier
* Aígua de Ròcha, galerie d’art associative à Ussel : https://aiguaderocha.com/membres-actifs/annick-ranvier/
* Facebook : https://www.facebook.com/annick.ranvier.73/
* Quelques images d’exposition : http://galerie34-premery.fr/artistes/ranvier.php

Julius NICOLADEC

La revue Florilège

Pour changer de registre

Quelques textes un peu plus légers, et qui néanmoins valent le détour, à lire dans les recueils de nouvelles


Écrire à l'auteur

Retour
à la page d'accueil

2030262 / 26 / màj 240608