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Nouvelles et essais, par Julius Nicoladec |
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Elisabeth Sandillon
Les « techniques » de créationPour paraphraser l’artiste décrivant son travail pratique de création, la technique de réalisation de sa peinture procède d’abord par juxtaposition de fonds travaillés par plusieurs passages de couches colorées, qui sont ensuite adoucies, tout en laissant par endroit apparaître les superpositions. Autour d’un motif central tout en matière et épaisseur, viennent des scarifications, l’utilisation de noir profond pour cerner des éléments, la juxtaposition de brillances et de mats. Pour la création à l’encre, les scarifications deviennent traits de plume, le motif central s’épaissit grâce à la gomme-laque, des brillances pouvant côtoyer des parties mates. Alors, des irréalités prennent vie… Démarrant une œuvre, Elisabeth Sandillon, selon ses dires, se concentre d’abord sur le rythme et les gestes que lui permet le médium utilisé. Il n’y a pas a priori d’intentions précises, quelque chose va naître, quasi de lui-même, va, en quelque sorte, s’installer dans le réel. Des formes jaillissent, de nouvelles présences s’imposent, ouvrant les portes d’un monde protéiforme. Alors, dit-elle, des irréalités prennent vie sans que je l’anticipe. L’œuvre peut être une surprise pour son propre créateur, à l’image de ce qui se passe usuellement dans la vie. Ainsi s’objective ce qui prend forme, et qui devient alors objet pour autrui. Comme dans tout processus de création, ce qui est évident pour le créateur ne correspond pas nécessairement à ce qui en sera reçu par celui qui regarde. D’où l’absence de nécessité d’y mettre un titre, qui risquerait même d’en limiter la polysémie ouverte. La même œuvre, comme de toute façon, n’importe quel autre objet, pouvant être le support de plusieurs histoires, de plusieurs sens. Mais pour qui me le demande, je peux raconter ma version de l’histoire. Le contraste au cœur de tout ce qui se déploieL’inspiration, foncièrement tellurique, vient donc naturellement des mondes organique, végétal et animal. Matières, couleurs, profondeurs, lumière, l’expression n’est plus celle d’une réalité tangible telle qu’on l’entendrait communément, mais celle d’un univers imaginaire, qui, comme le dit Hugues Bourgeois dans un numéro de « Vivre l’art magazine », provoque une éruption sensuelle de l’abstraction. La réalité ainsi révélée, car l’imaginaire possède une forme d’existence bien réelle, est aussi celle de l’intériorité, de sa puissance incoercible, de sa vigueur imprévisible. Beauté et débordements, équilibres et déséquilibres, force et douceur, ombre et lumière, noir et couleurs éclatantes, le mat et le brillant, parties adoucies et celles en matière plus brute, énergie des éléments et fragilité des êtres, la peinture d’Élisabeth Sandillon se veut l’expression vigoureuse des contrastes qui sont aussi bien constitutifs de notre condition que de l’existence du monde qui nous entoure. Pour en (sa)voir plus* https://www.i-cac.fr/artiste/sandillon-elisabeth.html |
Pour changer de registre
Quelques textes un peu plus légers, et qui néanmoins valent le détour, à lire dans les recueils de nouvelles |
màj 240928 |
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